Etudes d'ensemble

I. Les personnages dans le roman

Un lien très intéressant  ICI

II. Structure du roman

 
Un autre lien ICI

Vous verrez que la structure du roman permet de faire apparaître les thèmes que nous avons relevé en classe : la critique de la politique, de la religion, et de la société en général, et le roman du sérail pour installer la fiction orientale et permettre de faire passer certaines idées sur la condition féminine

III. Les thèmes de l'oeuvre

I Un journal de voyage

   1) Une œuvre polyphonique : des lettres échangées entre différents épistoliers, procédé qui permet de varier les points de vue. On ne peut pas parler véritablement de « roman épistolaire » car il est difficile de dégager un véritable schéma narratif.

2) La chronologie du voyage

 

·         En-tête de chaque lettre, la date et le lieu de rédaction sont indiqués ce qui permet de retracer avec précision l'odyssée de Rica et Usbek à mélange du calendrier musulman et du calendrier chrétien, pour donner du poids à la fiction orientale.
   

·            Une fiction vraisemblable :

à des lieux réels : partis d'Ispahan en mars 1711, Usbek et Rica arrivent donc à Paris au mois de mai 1712, après avoir fait halte successivement à Com, Erzeron, Smyrne, Livourne, Marseille.

àun trajet dont la durée est vraisemblable en fonction des moyens de transport de l’époque

3) La fiction orientale

à Un fait réel : la visite sensationnelle d’un ambassadeur de Perse à la Cour de Louis XIV en 1715

à Elle s'inscrit dans la mode orientaliste de l’époque :

-1717, la publication des Mille et Une Nuits par Antoine Galland.

- 1752 (approx.) Carl Van Loo, La Marquise de Pompadour en sultane, dessus de porte pour la « chambre turque » du château de Bellevue.

II La critique

1) Les domaines de la critique

  • La vie sociale

La critique de la vie sociale est directement exprimée par Rica qui dira, s'étant rendu à la comédie française: "tout le peuple s'assemble sur la fin de l'après-midi et va jouer une espèce de scène". En fait, Montesquieu pense que la société française se donne en spectacle à elle-même et on peut supposer qu'il dénonce le ridicule de la vie mondaine.
Cette critique se retrouve jusque dans le milieu intellectuel et lettré avec par exemple l'allusion à la querelle des Anciens et des Modernes avec, il faut le noter, une fonction référentielle très poussée. De plus, la lettre 66, dénigre les auteurs de plagiat lorsque Rica énonce: "De tous les auteurs, il n'y en a point que je méprise plus que les compilateurs, qui vont de tous les côtés chercher des lambeaux des ouvrages des autres qu'ils plaquent dans les leurs comme des pièces de gazon dans un parterre".
L'orgueil et la vanité sont également montrés du doigt toujours à travers les réflexions de Rica notamment en lettre 50: "Je vois de tous côtés des gens qui parlent sans cesse d'eux-mêmes; leurs conversations sont un miroir qui présente toujours leur impertinente figure". On citera également, l'anecdote en lettre 52 où Rica raconte la médisance des quatre femmes de vingt, quarante, soixante et quatre-vingts ans tout en mettant en avant la coquetterie des femmes.

  • La politique

La principale source de critique politique est bien sûr le roi, c'est dire Louis XIV. Usbek trace un portrait de lui peu flatteur: à la fois avare et dépensier, lucide et aveugle mais surtout absolu, distribuant des récompenses ou blâmant de façon aléatoire. De plus Usbek refuse le despotisme et critique la monarchie de droit divin qui met en place un roi tel "un soleil qui porte partout la chaleur et la vie" en mettant Dieu au centre des affaires politiques.
Montesquieu dénonce aussi l'esclavage. C'est dans la lettre 118 par Usbek que cette critique se fait la plus acerbe: "Quant aux côtes de Guinée, elles doivent être sérieusement dégarnies depuis deux cents ans que les petits rois [...] vendent leurs sujets aux princes de l'Europe" en ajoutant: "Il n'y a rien se si extravagant que de faire périr un nombre innombrable d'hommes pour tirer du fond de la terre l'or et l'argent".

  • La religion

La principale critique faite à la religion est son obscurantisme comme en témoigne le dialogue entre Usbek et un dervis: "Ne voyez-vous pas que le Saint Esprit nous éclaire? Cela est heureux car de la manière dont vous en avez parlé je reconnais que vous avez un grand besoin d'être éclairé".
En outre, Montesquieu se veut démographe en dénonçant le célibat des prêtres et en finissant, en lettre 117 par les qualifier de "gens avares qui prennent toujours et ne rendent jamais".
Mais surtout, Montesquieu condamne l'intolérance religieuse dont il regrette les conséquences violentes. Aussi, il le fera comprendre, par l'intermédiaire d'Usbek dès la lettre 85: "Ce n'est point la multiplicité des religions qui a produit les guerres, c'est l'esprit d'intolérance de celle qui se croyait la dominante".

Source : http://www.bacdefrancais.net/

2) Les moyens de la satire

   La fiction permet de critiquer tout en déjouant  la censure

  • Une publication anonyme

àLe roman est d’abord publié à sans nom d'auteur.
àutilisation de périphrase pour désigner les cibles de la satire : "le chef des chrétiens" pour désigner le pape ou "le prince" pour désigner Louis XIV.

 

  • Un regard étranger et une mise à distance

àLe regard faussement naïf de deux « étrangers » sur la société française permet une critique distanciée.

àUn procédé récurrent dans la littérature des Lumières : cf Swift Les Voyages de Gulliver (1721), Diderot dans certaines sections du Supplément au voyage de Bougainville (1771) ou Voltaire avec Zadig, ou Micromégas (un extra-terrestre).

  • Usbek etRica

2 personnages = 2 points de vue, entre lesquels le lecteur peut choisir pour se forger un avis personnel.


III Montesquieu, philosophe des Lumières

 

A travers la critique, Montesquieu fait l’éloge de certaines valeurs, défendues par les philosophes du XVIIIème siècle.

   1) Les valeurs morales

  • La liberté, incarnée par Roxane qui préfère se donner la mort plutôt que d’appartenir à Usbek.
  • La raison, la valeur la plus chère aux yeux des philosophes des Lumières : cf. Lettre XCVII, "les hommes ont débrouillé le chaos et ont expliqué par une mécanique simple l'ordre de l'architecture divine". De plus, toujours dans la même lettre, "la raison a permis la découverte de cinq ou six vérités".
  • La recherche du bonheur : l’utopie des Troglodytes qui se réjouissent du travail productif, de l'amitié et de la famille, ils vivent en harmonie avec la nature et les dieux: "ils travaillaient avec une sollicitude commune pour l'intérêt commun; ils n'avaient de différends que ceux qu'une douce et tendre amitié faisaient naître [...] ils menaient une vie heureuse et tranquille".

2) La recherche d’un modèle politique

Le rejet de l’absolutisme : lettre 131  Usbek définit la monarchie comme "un état violent qui dégénère toujours en despotisme".

  • Une justice indépendante  du pouvoir temporel comme du pouvoir religieux ;  "Quand il n'y aurait pas de Dieu nous devrions toujours aimer la justice". Selon Montesquieu, la justice est "éternelle et ne dépend point des conventions humaines" (cf. lettre 83).



    
 
 
 
 



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