Une fiche proposée par une collègue et que je trouve intéressante et synthétique

 PETIT HISTORIQUE DE LA POESIE EN FRANCE

Tableau proposé par Isabelle FARIZON  Mai 2007

Période

Statut et fonction du poète

Mouvements

et fonctions de la poésie

Formes et thèmes

ANTIQUITE

 

 

Le poète-vates (= devin), dont l’inspiration est incarnée par une Muse, parle une langue à part, don de Dieu.

 

LA POESIE ANTIQUE

Liée aux mythes :

- d’ORPHEE : il chantait et jouait si bien que nul ne pouvait lui résister. Mais la double perte de son épouse Eurydice, le voua à exprimer sa peine et sa solitude.

Þ émouvoir, séduire, confesser, exprimer ses sentiments personnels

- d’APOLLON : intermédiaire entre les dieux et les hommes, il les aide à lire dans le réel la volonté divine

Þ révéler les secrets du monde, inciter à la méditation

- de DIONYSOS : Dieu du vin et de l’ivresse qui suscitait les excès des Bacchantes, femmes déchaînées et lubriques qui vivaient dans des forêts sauvages.

Þ atteindre l’inconnu, créer, provoquer

 

Poésie sacrée, essentielle, inspirée et magique

Orphée et le lyrisme :

- thèmes du regret, de l’émoi amoureux, de la joie, de la douleur…

- formes : ode, élégie…

 

 

Apollon et l’élucidation du monde

- thèmes de la nature, des apparences trompeuses, du mystère, de la création

- formes : langue souvent obscure et mystérieuse

 

Dionysos et la fureur poétique

- thèmes de l’ivresse, la démesure, l’aventure, la folie, la fuite hors du réel, la violence, l’euphorie

MOYEN-AGE

 

Le poète est un artiste

Trouvères, troubadours, jongleurs et ménestrels, chantent des vers en s’accompagnant de musique. Ils sont nomades ou ils vivent dans l’entourage des Seigneurs.

 

LA POESIE MEDIEVALE

- la chanson de geste célèbre les exploits et vertus guerriers

Þ magnifier le souverain, souder la collectivité

- la poésie lyrique

Þ courtiser la femme aimée

- la poésie savante s’adresse à un public cultivé

Þ jouer avec le langage. La poésie devient plus écrite, avec une recherche de virtuosité verbale

Poésie conçue pour la récitation orale :

la versification favorise la mémorisation.

La chanson de geste

- thèmes : guerre, héroïsme, courage

- formes : registre épique

La poésie lyrique

- thèmes : l’Amour, l’honneur, la fidélité

- formes : formes fixes (ballade, ode…)

La poésie savante

- thèmes : sujets prétextes à jeux de mots

- formes : travail des images et des rimes, de la polysémie

XVI°

 

Le poète a un rôle social de haut-niveau : des mécènes l’entretiennent en échange de quoi, le poète leur rend hommage et leur écrit des poèmes de circonstance.

Il se donne le statut de « vates » (intermédiaire entre les hommes et Dieu) et cherche à s’élever par un usage renouvelé et maîtrisé de la langue.

 

LA POESIE HUMANISTE

- la poésie courtoise reprend l’héritage médiéval

- la poésie renaissante refuse cet héritage, mais prône l’imitation des poètes antiques et des poètes italiens, auxquels ils empruntent les formes (odes, sonnets…) et les thèmes par ex PETRARQUE ; ils défendent la langue française en la valorisant par l’écriture poétique

 

- la poésie engagée : face aux guerres de religion (fin XVI°), les poètes défendent les Catholiques (RONSARD) ou les Protestants (D’AUBIGNE), et développent la satire.

Poésie de Cour, raffinée, plus littéraire.

L’école lyonnaise célèbre

- thèmes : l’Amour sous une forme idéalisée et/ou sensuelle, dont la femme est l’inspiratrice. M. SCEVE, LOUISE LABBE

Les poètes de La Pléïade

RONSARD, DU BELLAY…

- thèmes : vision raffinée de l’amour

- formes : empruntées aux poètes antiques et italiens : odes, sonnets ; l’imitation compte plus que l’originalité ; travail de la langue pour l’éloigner de son usage courant.

Naissance de la poésie baroque

XVII°

 

Le poète reste très dépendant du pouvoir (mécénat) et doit se soumettre à la censure.

Il fréquente les salons littéraires tenus par de riches particuliers (souvent des femmes intellectuelles et raffinées).

Le poète baroque, libre et fantaisiste fait place à un poète discipliné, soumis à l’autorité et à la rigueur classiques.

 

LE BAROQUE : reflète l’évolution des mentalités et des mœurs suite aux guerres de religion ; la créativité, l’originalité, les excès deviennent une échappatoire aux angoisses du réel. La poésie invite à la méditation religieuse ou célèbre la liberté individuelle par la créativité.

 

LA PRECIOSITE devient une marque de distinction aristocratique. La poésie est le genre littéraire supérieur.

 

LE CLASSICISME : pour Louis XIV les Arts et des Lettres contrôlés et rationalisés (académies, retour aux modèles antiques) doivent célébrer les Grands et exalter les valeurs traditionnelles avec clarté, modération, respect des règles.

La poésie baroque

- thèmes : violence, inconstance, illusion, fascination pour la mort, métamorphoses

Þ reflètent l’incertitude et le pessimisme sur la condition humaine

CHASSIGNET, SPONDE, SAINT-AMANT

 

La poésie précieuse

- thèmes : amour platonique, refus du réel

- formes : raffinement, travail du langage

La poésie classique 

- thèmes : patrie, courage, foi…

- formes : la poésie est codifiée : mesure, sobriété, exactitude, ordre, équilibre, raison. Le genre poétique diminue sauf dans son usage théâtral.

BOILEAU, MALHERBE, LA FONTAINE

XVIII°

 

Le poète est déconsidéré par rapport au philosophe ; il est relégué à un rôle subalterne : amuser, formuler joliment, inculquer la morale…

 

LES LUMIERES

La poésie, brimée par la rigueur classique, n’est plus considérée comme prééminente ; elle ne répond pas, non plus, aux nouvelles valeurs du XVIII°: raison et naturel.

LE PREROMANTISME à la fin du siècle, verra le renouveau de la poésie sous l’influence des Littératures européennes : sensibilité à l’honneur

La poésie devient un genre mineur

La poésie des Lumières

- thèmes : socio-politiques…

- formes : didactique

VOLTAIRE …

 

La poésie pré-romantique 

- thèmes des ruines, de la nature : CHENIER - formes : poésie lyrique


XIX°

 

Le poète romantique, intercesseur entre les hommes et Dieu qui lui donne son inspiration, retrouve dans la nature ses états d’âme et déchiffre les mystères du monde et de l’existence (poète-mage).

Le poète est incompris des bourgeois, mais il se sacrifie pour guider le Peuple vers un avenir meilleur, vers le Progrès et la Beauté.

 

 

 

 

 

 

Le poète parnassien redevient un artisan du langage, un orfèvre, un sculpteur de mots : la virtuosité technique lui donne un rang supérieur et le coupe de l’homme du commun.

Il revendique l’impassibilité.

 

 

Les poètes maudits se sentent marginaux, entre souffrance et fierté face à ce statut anti-conformiste ; ils sont volontiers provocateurs ; hypersensibles(« il faut se faire voyant » RIMBAUD) ils transmettent des émotions subtiles parfois énigmatiques (« çà veut dire ce que çà veut dire, littéralement et dans tous les sens » RIMBAUD) : le lecteur doit être un interprète et pas seulement un récepteur.

 

 

LE ROMANTISME (1800-1850) : réaction

La poésie refuse l’héritage philosophique et rationnel des Lumières

Dans une société bourgeoise, matérialiste et individualiste où la valeur reconnue est l’argent, elle revendique l’expression de la sensibilité.

 

 

En réaction à une politique libérale et conformiste, elle s’engage pour défendre l’humanité souffrante ;

 

Enfin, elle revendique la liberté de la création

 

 

 

 

 

LE PARNASSE

Contre la poésie romantique dévaluée en stéréotypes , les parnassiens veulent revenir à la primauté de l’esthétique sur le « message » (théorie de l’Art pour l’Art)

 

 

 

 

LE SYMBOLISME (après 1850)

Il pousse les audaces romantiques : l’image devient symbole, mystérieuse, suggestive, qui permet d’accéder au monde intérieur complexe du poète et à un ailleurs dont la réalité n’est qu’un signe à déchiffrer (mysticisme).

 + influence de l’impressionnisme en peinture, et de la musique : le poème exploite les mots dans leur polysémie, leur musicalité, leurs nuances.

 

 

La poésie romantique :

LAMARTINE, MUSSET, VIGNY…

- formes anciennes modernisées : sonnets, odes, ballades…

- thèmes lyriques de la nature : la mer, les soleils couchants, les paysages d’automne, les oiseaux, du rêve, de la solitude et de l’incompréhension…

- formes : lyrisme douloureux (élégie)

- thèmes sociaux : défense du peuple, des enfants (ex : HUGO Mélancholia), satire des bourgeois.

- thèmes de la création poétique et de la fonction du poète

- thèmes de l’étrange, de la laideur, de l’exotisme (BAUDELAIRE : Les Fleurs du Mal)

- formes : formes nouvelles (chansons), originalité des images poétiques, mélange des tons et des registres, dislocation de l’alexandrin.

 

La poésie parnassienne

- thèmes de la nature immuable : ex : Le récif de corail de J.M. DE HEREDIA ou des objets : Emaux et Camées de GAUTIER, BANVILLE

ou des animaux : Poèmes barbares LECONTE DE LISLE

- formes : classiques, héritées de l’Antiquité, travail technique et minutieux du langage.

 

La poésie symboliste

- thèmes du poète exclu, solitaire

- thèmes de l’ailleurs, du rêve, de la musique : BAUDELAIRE, VERLAINE , RIMBAUD, CORBIERE, LAFFORGUE, MALLARME

 

- thèmes : paysages-états d’âme où l’harmonie prime sur le sens : Romances sans paroles de VERLAINE

- formes : recherche de formes nouvelles : poème en prose, vers libres

Aloysius BERTRAND invente le poème en prose, repris par BAUDELAIRE Petits poèmes en prose, RIMBAUD Les Illuminations ;

Gustave KAHN écrit le premier recueil en vers libres.

XX°

 

Le poète assume son statut marginal et réussit à le concilier avec une vie ordinaire ; il travaille avec d’autres artistes (peintres, musiciens…)

Chaque poète est libre de créer comme il veut

 

 

 

 

Le poète fait partie d’un mouvement collectif littéraire et politique (sympathie pour le communisme) ; Provocateur, il fait de la poésie un art de vivre : passivité (« Lit et ratures »), ouverture à l’insolite et à la nouveauté, esprit de créativité, amitié et amour, liberté, engagement.

 

Le poète est un homme ordinaire, intégré à la société, discret, qui trouve dans la poésie une autre façon d’être lui-même ; parfois reconnu par les media : Printemps des Poètes, poèmes adaptés en chansons.

 

L’Esprit nouveau

La modernité crée de nouvelles réalités (urbanisation, progrès techniques, découverte des pays étrangers avec leur culture, peinture cubiste et abstraite…) auxquelles la poésie cherche à s’accorder : refus des « écoles » poétiques, modernisation des formes

 

 

 

 

DADAÏSME et SURREALISME

Après la 1ère GM, sous l’influence de Freud, le dadaïsme (démolition du sens et du langage), puis le surréalisme cherchent à changer la poésie en se libérant de la raison au moyen de toutes les formes de création : peinture, sculpture, photo, cinéma, écriture automatique. Son programme est « l’exploration de ces continents inconnus que sont l’inconscient, le merveilleux, le rêve, les états hallucinatoires »

 

Plus de mouvement 

Après la 2ème GM, liberté de création, méfiance envers les écoles et les idéologies : refus de l’engagement, mais interrogations sur la création, les pouvoirs du langage (Oulipo), le monde et soi-même.

 

Le Rap et le Slam suscitent des évolutions intéressantes avec une priorité donnée au rythme et à la parole dite plutôt que chantée.

 

La poésie moderne

- thèmes de la ville, du train, de l’avion, de l’électricité, des pays étrangers

APOLLINAIRE Alcools 1913

CENDRARS La prose du transsibérien

- thème de l’amour associé au concret, au réel : APOLLINAIRE Poèmes à Lou

- formes modernes : absence de ponctuation, vers libres, calligrammes, lyrisme très personnel…

 

 

La poésie surréaliste

- thèmes du rêve, de la magie, de la liberté, du désir, de la folie, du hasard, de la femme.

BRETON, SOUPAULT, ELUARD, REVERDY, DESNOS

- formes : jeux sur les mots, les sons, associations inattendues, créations dues au hasard (cadavres exquis)

 

 

 

La poésie contemporaine

- thèmes des réalités quotidiennes : PONGE

- thèmes liés au langage et à la création : QUENEAU, PREVERT

- thèmes d’actualité

- formes : humour, dérision, sobriété, diversité, lien avec la chanson et la musique, lyrisme humble, ouvert sur le monde : CADOU, ROY, SIMEON, SERRE

Points de départ : A la découverte de la poésie de Denis FAUCONNIER Coll. Réseau, GALLIMARD et Les Nouvelles Pratiques du Français 1ère , HATIER

 

 
 



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